Myélome et grossesse : guide complet pour se préparer et gérer la maladie
21 octobre 2025

Planificateur de grossesse et myélome

Guide de sécurité des traitements

Ce calculateur vous aide à déterminer les délais de sécurité pour les traitements du myélome avant la conception et pendant chaque trimestre de grossesse.

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Si vous êtes atteinte de Myélome une forme rare de cancer du sang qui se développe dans les plasmocytes de la moelle osseuse et que vous envisagez une grossesse, vous avez sûrement plein de questions : quels sont les risques pour le bébé ? Peut‑on continuer les traitements ? Comment organiser le suivi ?

Ce guide vous donne les réponses concrètes, les étapes à préparer et les options sécurisées. Il s’appuie sur les dernières recommandations de 2024‑2025 et sur les retours d’experts en hématologie, obstétrique et néonatologie.

Comprendre le myélome chez les femmes en âge de procréer

Le myélome multiple représente environ 1 % de tous les cancers. Il apparaît le plus souvent après 60 ans, mais 5 % des cas concernent des personnes de moins de 45 ans. Chez les femmes, le diagnostic avant 35 ans reste rare, mais il suffit d’y prêter attention parce que la fertilité et la grossesse sont alors au cœur du projet de vie.

Les principaux symptômes : fatigue, douleurs osseuses, hypercalcémie, anémie et infections récurrentes. Le diagnostic repose sur l’électrophorèse des protéines sériques, la biopsie de la moelle osseuse et l’imagerie (IRM, scanner).

Pourquoi la grossesse pose un défi particulier

La grossesse modifie profondément l’équilibre hormonal, le volume sanguin et la fonction rénale. Ces changements peuvent influencer la pharmacocinétique des médicaments utilisés contre le myélome. De plus, certains agents sont classés « teratogènes » et sont strictement contre‑indiqués dès le premier trimestre.

Les risques pour le fœtus incluent :

  • malformations congénitales (notamment avec le thalidomide ou le lenalidomide),
  • fausse couche ou mortinatalité,
  • retard de croissance intra‑utérin lorsqu’une chimiothérapie agressive est maintenue.

Pour la mère, le principal danger est la progression incontrôlée du myélome si le traitement est interrompu trop tôt.

Planifier la grossesse : le timing idéal

Une fois le myélome sous contrôle (réponse partielle ou complète selon les critères IMWG), les spécialistes conseillent d’attendre au moins 12 mois de rémission stable avant de concevoir. Ce délai permet de :

  1. Vérifier que les agents teratogènes sont éliminés du corps (p. ex. le lenalidomide a une demi‑vie d’environ 3 heures, mais il faut au moins 5 jours pour une élimination complète),
  2. Faire un bilan de fertilité (réserve ovarienne, spermogramme si recours à fécondation in vitro),
  3. Élaborer un plan de suivi multidisciplinaire.

Un Grossesse période où le corps subit d’importants ajustements physiologiques pour permettre le développement du fœtus planifiée avec son oncologue, son obstétricien et son néonatologiste augmente fortement les chances d’une issue favorable.

Équipe médicale planifiant la grossesse autour d'une table avec échographie 3D.

Adaptation des traitements pendant la grossesse

Voici les options les plus couramment étudiées et leurs profils de sécurité :

Traitements du myélome compatibles ou à risque pendant la grossesse
Médicament Risque fœtal Administration recommandée Trimester optimal Alternative sûre
Lenalidomide Teratogène sévère (catégorie X) Arrêt 3 mois avant conception - Cortez‑décharge (hydroxychloroquine) sous contrôle
Bortezomib Pas de malformations rapportées, prudence au 1er trimestre Cycles de 21 jours 2e ou 3e trimestre Thalidomide arrêté, mise en place d’un protocole « low‑dose »
Dexaméthasone Peut induire une croissance fœtale rapide, mais généralement bien tolérée Voie orale ou injectable 2e trimestre (dose minimale) Prednisone à faible dose
Thalidomide Catégorie X - malformations majeures Interdit pendant toute grossesse - Lenalidomide (si arrêt pré‑conception)
Transplantation de cellules souches (auto‑allo) Très haut risque, généralement reportée Post‑partum uniquement - Thérapie d’entretien avec bortezomib

En pratique, la plupart des cliniciens suspendent les immunomodulateurs (lenalidomide, thalidomide) avant la conception et privilégient les agents à faible toxicité comme le bortezomib ou la dexaméthasone à doses réduites pendant le second trimestre.

Surveillance obstétricale et hématologique

Un suivi rapproché est essentiel :

  • Visites mensuelles avec un obstétricien spécialisé en grossesses à risque.
  • Bilans sanguins toutes les 2 semaines (calcium, créatinine, immunoglobulines monoclonales) pour détecter une éventuelle recrudescence.
  • Échographies ciblées au 12e, 20e et 32e semaines pour suivre la croissance fœtale.
  • Consultation néonatologique dès le deuxième trimestre afin de préparer une prise en charge adaptée en cas de prématurité.

En cas de signe de progression du myélome (augmentation des protéines M, douleurs osseuses, hypercalcémie), le médecin peut réintroduire un traitement à faible dose, toujours sous contrôle morphologique.

Mère postpartum tenant son bébé, médicaments à côté, lumière matinale douce.

Après l’accouchement : reprendre le traitement et favoriser la parentalité

Le post‑partum est une période critique : le corps se rétablit, l’allaitement peut compliquer le choix des médicaments, et le risque de rechute augmente si le traitement est interrompu trop longtemps.

Recommandations principales :

  1. Si l’allaitement est souhaité, éviter les agents qui passent dans le lait (ex. bortezomib, lenalidomide). Privilégier la dexaméthasone à faible dose ou les thérapies ciblées non détectables dans le lait.
  2. Reprendre la chimiothérapie de stabilisation dès que la plaquette et la fonction rénale le permettent (généralement 4‑6 semaines).
  3. Planifier une transplantation de cellules souches si elle était prévue avant la grossesse, idéalement entre 6 et 12 mois après l’accouchement.
  4. Mettre en place un soutien psychologique : le stress postpartum peut influencer la compliance au traitement.

Checklist pratique pour les patientes

  • Obtenir un certificat de rémission stable (IMWG) avant toute tentative de conception.
  • Faire arrêter tous les immunomodulateurs 3 mois avant la conception.
  • Rassembler les coordonnées d’une équipe multidisciplinaire (hématologue, obstétricien, néonatologiste, pharmacologue).
  • Planifier les examens de suivi (biologie, imagerie) dès le premier trimestre.
  • Prévoir un plan d’urgence en cas de rebond du myélome (hospitalisation, reprise de traitement).
  • Se renseigner sur les options de fertilité (congélation d’ovocytes) au cas où les traitements seraient intensifs.
  • Établir un calendrier de vaccination du bébé (éviter les vaccins vivants pendant la première année si le traitement maternel comporte des agents immunosuppresseurs).

Questions fréquentes

Le myélome peut‑il guérir pendant la grossesse ?

Rarement. La grossesse peut ralentir la progression grâce à l’arrêt de certains traitements, mais elle ne constitue pas une cure. Le suivi doit rester intensif pour éviter une rechute.

Puis‑je allaiter si je reprends le bortezomib ?

Le bortezomib passe très peu dans le lait maternel, mais les recommandations prudentes conseillent d’attendre 48 heures après chaque perfusion avant de nourrir le bébé.

Quel est le risque de malformations avec le lenalidomide ?

Le lenalidomide est classé catégorie X par la FDA : les études montrent un taux de malformations supérieures à 30 % lorsqu’il est pris pendant la grossesse. Il doit être arrêté au moins 3 mois avant toute conception.

Comment savoir si la maladie est sous contrôle avant d’envisager une grossesse ?

Les critères incluent une protéinurie monoclonale indétectable, un score « complete response » selon IMWG, aucune lésion osseuse active et un bilan sanguin stable pendant au moins 12 mois.

Quel suivi neurologique est recommandé pendant la grossesse ?

Une évaluation neurologique chaque trimestre permet de détecter une neuropathie secondaire aux médicaments (ex. bortezomib). En cas de symptomatologie, le dosage peut être ajusté.

En résumé, une grossesse avec un myélome n’est pas impossible, mais elle nécessite une planification méticuleuse, une équipe médicale pluridisciplinaire et un ajustement des traitements. En suivant les étapes décrites ci‑dessus, vous maximisez vos chances d’une grossesse en bonne santé tout en gardant le contrôle de la maladie.