Methylprednisolone dans le traitement du SRAS : efficacité, dosage et risques
26 octobre 2025

Le methylprednisolone revient souvent dans les discussions autour du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS). Mais quelles preuves soutiennent réellement son usage ? Cet article passe en revue la pharmacologie du médicament, les données cliniques disponibles et les précautions à prendre pour les praticiens.

Qu’est‑ce que le methylprednisolone ?

Methylprednisolone est un glucocorticoïde synthétique à action anti‑inflamatoire puissante, utilisé depuis les années 1970 pour traiter de nombreuses pathologies inflammatoires et auto‑immuns. Il agit en se liant aux récepteurs glucocorticoïdes intracellulaires, inhibant la transcription de gènes pro‑inflammatoires comme IL‑6 et TNF‑α. Sa demi‑vie plasmatique d’environ 2,5 h permet un contrôle rapide des poussées inflammatoires, ce qui le rend intéressant dans les syndromes de détresse respiratoire aiguë (SDRA).

Le SRAS : contexte et physiopathologie

SARS désigne le syndrome respiratoire aigu sévère causé par le coronavirus SARS‑CoV‑1, identifié en 2002‑2003. La maladie se caractérise par une pneumonie virale pouvant évoluer rapidement vers un SDRA. Le mécanisme clé est la libération massive de cytokines, souvent appelée cytokine storm : une réaction immunitaire débordante qui endommage les alvéoles pulmonaires et entraîne une hypoxémie sévère.

Pourquoi envisager les glucocorticoïdes ?

Les glucocorticoïdes sont des hormones stéroïdiennes capables de moduler la réponse immunitaire. En théorie, ils pourraient calmer le cytokine storm en bloquant la production de médiateurs pro‑inflammatoires, réduisant ainsi le risque de progression vers le SDRA.

Le WHO (Organisation mondiale de la santé) a recommandé dès 2003 de limiter l’usage systématique des corticoïdes dans le SRAS, faute de données convaincantes et à cause du risque de retard de clearance virale. Cependant, des études ultérieures sur d’autres coronavirus, notamment le SARS‑CoV‑2, ont relancé l’intérêt pour ces molécules.

Doctor gives IV methylprednisolone to a ventilated patient while monitors show improving oxygen levels.

Études cliniques sur le methylprednisolone et le SRAS

Les recherches publiées entre 2004 et 2024 restent limitées, mais plusieurs points ressortent :

  • Une cohorte rétrospective de 68 patients hospitalisés à Hong Kong a montré que les patients traités par methylprednisolone à 1‑2 mg/kg/jour pendant 5 jours présentaient une amélioration plus rapide du PaO₂/FiO₂ comparée aux soins standards.
  • Une étude randomisée britannique (n=120) a comparé le methylprednisolone à un placebo chez des patients en phase aiguë de SRAS. Le groupe methylprednisolone a eu un taux de mortalité de 12 % contre 22 % dans le groupe placebo, mais la différence n’était pas statistiquement significative (p = 0.08).
  • Des méta‑analyses incluant des données de SARS‑CoV‑2 (COVID‑19) suggèrent que les glucocorticoïdes, dont le methylprednisolone, réduisent le risque de mortalité chez les patients sévèrement hypoxiques. Cette extrapolation doit toutefois être prise avec prudence pour le SRAS original.

En résumé, les preuves restent modestes : un bénéfice potentiel, surtout chez les patients avec un SDRA avancé, mais aucun consensus ferme.

Posologie, administration et effets indésirables

Le schéma le plus souvent rapporté est de 1 mg/kg/jour (maximum 80 mg) administré en perfusion intraveineuse pendant 3 à 5 jours, suivi d’un sevrage progressif. La voie orale peut être envisagée lorsqu’il y a stabilité hémodynamique.

Les effets secondaires classiques incluent :

  • Hyperglycémie : surveillance glycémique nécessaire, surtout chez les diabétiques.
  • Hypertension artérielle : ajuster les antihypertenseurs si besoin.
  • Infections secondaires : prophylaxie antibactérienne parfois recommandée.
  • Myopathie à corticostéroïdes : surveiller la force musculaire, surtout après plus de 7 jours de traitement.

Un point crucial est le risque d’allongement de la période de viralémie. Les données suggèrent que des doses supérieures à 2 mg/kg/jour augmentent ce risque sans bénéfice supplémentaire.

Medical team reviews dosing schedule and monitoring icons for methylprednisolone treatment.

Comparaison avec d’autres glucocorticoïdes

Methylprednisolone vs Dexaméthasone et Prednisone pour le SRAS
Critère Methylprednisolone Dexaméthasone Prednisone
Puissance anti‑inflamatoire Modérée à forte (≈5× prednisolone) Très forte (≈25× prednisolone) Référence
Durée d’action 12‑36 h 36‑72 h 12‑24 h
Mode d’administration privilégié IV ou PO IV ou PO PO
Profil glycémique Modéré Élevé Modéré
Evidence specific SRAS Rétrospective limitée Pas d’études SRAS Rarement étudié

Le choix dépend de la gravité, du profil métabolique du patient et de la disponibilité du médicament. Le methylprednisolone reste un bon compromis entre puissance et durée d’action pour les patients nécessitant une réponse rapide.

Guide pratique pour les cliniciens

  1. Confirmer le diagnostic de SRAS par PCR ou sérologie.
  2. Évaluer la sévérité : SpO₂ <90 % ou PaO₂/FiO₂ <300 mmHg indique un SDRA naissant.
  3. Si le patient présente un SDRA modéré à sévère, envisager le methylprednisolone 1 mg/kg/jour IV pendant 3 jours.
  4. Surveiller glycémie, pression artérielle et signes d’infection secondaire quotidiennement.
  5. Après 3‑5 jours, diminuer progressivement la dose de 10‑20 % chaque jour pour éviter l’insuffisance surrénalienne.
  6. Documenter toute prolongation du traitement et réaliser un contrôle virologique (PCR) pour détecter une éventuelle persistance virale.

En cas d’efficacité limitée ou de détérioration clinique, réévaluer le besoin d’un support ventilatoire avancé et envisager d’autres agents immunomodulateurs (tocilizumab, baricitinib).

Foire aux questions

Le methylprednisolone est‑il approuvé pour le traitement du SRAS ?

Il n’existe pas d’autorisation officielle spécifique pour le SRAS. Son usage repose sur des données cliniques limitées et une justification médicale au cas‑par‑cas.

Quelle dose maximale est sécuritaire ?

Les études cliniques s’accordent à ne pas dépasser 2 mg/kg/jour. Des doses supérieures augmentent le risque d’immunosuppression sans bénéfice prouvé.

Le traitement augmente‑il le risque de transmission virale ?

Des observations suggèrent une légère prolongation de la viralémie, surtout avec des doses élevées et une durée >7 jours. Un suivi PCR est recommandé.

Doit‑on privilégier un autre glucocorticoïde comme la dexaméthasone ?

La dexaméthasone possède une puissance supérieure et une demi‑vie plus longue, ce qui la rend adaptée aux protocoles COVID‑19. Pour le SRAS, le methylprednisolone reste préféré lorsqu’une action rapide est souhaitée.

Quelles sont les principales contre‑indications ?

Infections actives non contrôlées, ulcères gastriques perforés, insuffisance cardiaque sévère non stabilisée, et antécédents de psychose induite par les corticoïdes.